La médina (vieille ville) de la ville tunisienne de Kairouan, quatrième ville sainte de l'islam, recèle une multitude de trésors. Des ruelles sinueuses, de nombreuses mosquées et des marchés animés forment l'atmosphère typique d'une ville d'Afrique du Nord.
Kairouan se trouve en Tunisie, à environ 150 km au sud-ouest de la capitale Tunis. Jusqu'au 11e siècle, Kairouan était un centre important de l'érudition islamique en Afrique du Nord. En 1988, la médina de Kairouan, ses marchés et ses mosquées ont été inscrits au patrimoine mondial de l' UNESCO. Kairouan occupe également une place fixe sur notre liste des 10 meilleures attractions touristiques de Tunisie.
Table des matières
Histoire de Kairouan en bref
Kairouan (littéralement "camp") a été la première ville islamique d'Afrique fondée en 670 par 'Uqba ibn Nãfi', qui était parti avec son armée pour répandre l'islam dans le monde. Selon la légende, il aurait alors plongé son bâton dans la poussière d'Afrique du Nord, ce qui aurait donné naissance à une source. Celle-ci est encore visible aujourd'hui sous la forme de la fontaine de Bir Barouta, une maison en briques brunes surmontée d'une imposante coupole, dont l'eau a un goût délicieusement frais.
Dans les années qui suivirent, Kairouan devint le centre de la culture arabe et de la jurisprudence en Afrique du Nord. En 909, Kairouan devint la résidence des Fatimides, un groupe chiite qui régnait à l'époque, mais qui, en raison de leurs tensions avec les sunnites locaux, se déplacèrent rapidement vers le Caire. D'autres souverains se sont succédé, dont les ibadites, les zirides et les malikites.
Durant cette période, Kairouan n'a cessé de s'agrandir, de se doter de magnifiques bâtiments et d'un système d'approvisionnement en eau sophistiqué grâce à des citernes et des canaux provenant des montagnes environnantes.
Kairouan a connu son dernier grand essor vers l'an 1000 après Jésus-Christ sous les Zirides. La ville a ensuite été entièrement détruite lors d'une guerre de religion entre les Malikites et les Fatimides. De nombreux habitants de Kairouan se sont réfugiés dans la ville marocaine de Fès, ce dont témoigne encore aujourd'hui le quartier Karaouine de Fès. L'activité d'enseignement de Kairouan s'est arrêtée et les étudiants et les savants étrangers ont préféré s'installer dans d'autres villes lors de leurs voyages d'études. Lorsque la ville côtière de Tunis prit de l'importance, Kairouan fut de plus en plus délaissée.
Reconstruite par les Hafsides, Kairouan n'a jamais retrouvé son importance d'antan, mais reste la quatrième ville sainte de l'Islam après La Mecque, Médine et Jérusalem. Avant l'invasion française de 1881, aucun non-musulman n'était autorisé à entrer dans la ville.
En route dans la médina de Kairouan
On entre dans la médina de Kairouan par la porte principale, derrière laquelle s'étend la rue du 7 novembre qui, bordée de boutiques de souvenirs et de tapis, mène directement à la porte de Tunis, la seule porte originale qui subsiste de l'ancienne muraille de la ville. Des bus entiers de touristes font régner une ambiance de carnaval dans les rues principales de la médina de Kairouan, mais il vaut également la peine d'explorer les petites ruelles et les boutiques cachées de la médina. Car Kairouan offre tant de choses à découvrir.
Conseil : à l'office du tourisme de Kairouan, il est possible d'acheter un billet collectif pour toutes les attractions touristiques importantes de Kairouan. Il est conseillé de consacrer au moins une journée à la découverte de Kairouan.
Mur d'enceinte de Kairouan
L'actuelle muraille de Kairouan date du milieu du 18e siècle et compte 20 tours de garde. Elle s'étend sur près de 4 km et mesure entre quatre et huit mètres de haut. Les inscriptions qui documentent la reconstruction de la muraille datent également de cette époque.
La porte de Tunis, située sur le mur nord, est la seule des six portes qui subsiste du mur d'origine de la ville , datant du 8e siècle. Les autres portes, la Bãb asch-schuhadā (porte des martyrs) au sud, la Bāb al-Dschadīd (porte neutre) au nord-ouest et la Bāb an-nasr (porte de la victoire) ou Bāb al-Dschāmiʿ (porte (de la) mosquée principale) au sud-est, datent également de la période de rénovation vers 1750.
Kairouan - ville des mosquées
Kairouan est surnommée la ville aux 300 mosquées, de manière un peu exagérée, mais pas totalement injustifiée. En tant que première ville islamique d'Afrique, les dirigeants se sont efforcés de consolider autant que possible la nouvelle foi et ont construit des mosquées gigantesques et minuscules, certaines magnifiquement décorées, mais dont toutes les façades sont ornées de citations du Coran. Les lieux de culte musulmans se succèdent non seulement dans la vieille ville, mais aussi tout autour.
Grande mosquée de Kairouan
La Grande Mosquée de Kairouan, également appelée Djamaa Sidi Oqba, a été construite en 670 par le fondateur de Kairouan 'Uqba ibn Nãfi' et est aujourd'hui considérée comme le symbole de la ville. Elle abrite le plus ancien minaret du monde, une niche de prière magistralement décorée qui, comme le minaret, date du 8e siècle, une immense cour intérieure et une véritable forêt de colonnes artistiquement décorées de styles architecturaux très variés. À l'exception de la salle de prière monumentale, la Djamaa Sidi Oqba peut également être visitée par les non-musulmans.
Mosquée d'Al-Ansar
La mosquée d'Al-Ansar est très probablement la plus ancienne mosquée de Kairouan. Selon des indications non confirmées, elle aurait été fondée dès 668 par Sidi Sahab. Celui-ci était un ami et un compagnon de combat de Mahomet, également connu sous le nom de "compagnon du prophète". Sa tombe se trouve à l'extérieur des remparts de Kairouan et fait également partie des curiosités de Kairouan.
La mosquée Al-Ansar abrite une salle de prière ouverte et une niche de prière archaïque, le "mihrab", présente dans chaque mosquée et orientée vers la Mecque. En 1650, la mosquée d'Al-Ansar a été généreusement rénovée.
Mosquée de Mohammed ibn Khairun
La petite mosquée de Mohammed ibn Khairun, également connue sous le nom de "mosquée des trois portes", se trouve entre le marché des marchands de laine et le mur sud de la ville. Avec sa façade de 7 mètres de haut, magnifiquement décorée de citations du Coran et d'ornements, elle compte parmi les plus beaux exemples d'architecture islamique de Kairouan.
Le minaret de seulement 12m de haut peut être escaladé et n'a d'ailleurs été installé que plus tard, ce qui a endommagé deux lettres et interrompu la symétrie de l'intérieur par l'escalier menant au minaret. La salle de prière, avec ses 100m² à peine, n'impressionne pas non plus par ses dimensions. La chaire ("minbar") et la cour intérieure normalement typiques de la mosquée sont totalement absentes.
Mosquée Zaitūna
Selon la tradition, la mosquée Zaitūna a été fondée en 710. Son fondateur aurait également construit un marché en plus de la mosquée, raison pour laquelle il était surnommé "le marchand de Dieu". Pendant les travaux de rénovation de la Grande Mosquée, la mosquée Zaitūna a fait office de mosquée de remplacement.
Kairouan - ville des marchés
Comme la plupart des villes d'Afrique du Nord, Kairouan offre une véritable mer de marchés (souks). Les marchés de la médina datent du 8e siècle et ont été créés sous le règne de Yazīd ibn Ḥātim, qui a également fait reconstruire la Grande Mosquée de Kairouan après sa destruction.
Les écrits des siècles passés indiquent que 12 marchés ont été créés à l'époque, chacun d'entre eux étant rattaché à une corporation différente. Selon les historiens locaux, il existait alors un marché des brodeurs, des marchands de tissus et de draps, des fabricants de papier, des tanneurs, des teinturiers, des bourreliers et des couturiers, des fabricants de lances et de javelots, un marché de la volaille, un marché des dattes et également un marché juif dans le Ḥārat Ḫaibar, le quartier juif de l'époque.
La population juive de Kairouan devait afficher son appartenance religieuse par des vêtements et des enseignes sur ses maisons et ne pouvait construire ses lieux de culte qu'en argile et non en briques. Au 10e siècle, les juifs pratiquaient surtout des activités financières.
Le marché actuel de la médina de Kairouan est également organisé selon les corporations, mais il n'est plus aussi strictement divisé. Il se compose de nombreuses ruelles sinueuses, dont certaines sont couvertes. C'est au souk que l'on peut vraiment saisir l'âme d'une ville orientale, et une visite de ce mélange étonnant d'odeurs, de bruits, de couleurs et de marchandises est un must absolu pour tout voyageur en Tunisie!
Kairouan - ville des tapis
Ce qui reste en tout cas jusqu'à aujourd'hui, c'est la réputation de Kairouan comme ville des tapis. De magnifiques tapis tissés et noués, appelés "zarbia", de toutes les couleurs et de toutes les tailles, se trouvent à chaque coin de la médina de Kairouan.
Les tapis de Kairouan sont connus dans le monde entier pour leur excellente qualité (certains tapis comptent jusqu'à 250.000 nœuds, les tapis en soie même le double) et sont exportés dans le monde entier. Les tapis sont d'ailleurs noués uniquement par des femmes.
La vente des tapis est assurée par les hommes. Le spectacle des vendeurs de tapis qui crient et négocient vaut à lui seul le détour. Et ceux qui ont le goût de la négociation acharnée peuvent ramener un tapis fantastique à un prix tout aussi fantastique.
Si vous avez la garantie de ne rien acheter, vous pouvez rendre visite au musée du tapis de l'avenue Ali Zouaoui, qui expose des tapis anciens et des appareils ménagers. L'entrée est gratuite.
Pour terminer en beauté la découverte de la vieille ville de Kairouan, rien de tel qu'une visite dans un café typique. Il suffit d'y déguster des "makroud" (biscuits de semoule fourrés à la pâte de dattes) et d'écouter le concert des muezzins qui appellent les gens à la prière du haut de plus de 100 minarets. Un magnifique ensemble arabo-islamique de la vieille ville.
